© Il est navrant que la majorité des hommes
responsables de la publicité d'aujourd'hui,
tant dans les agences que chez les annonceurs,
soient aussi conventionnels


Le monde des affaires veut une publicité qui se remarque, mais il tourne le dos à ceux qui sont capables de la produire. Voilà pourquoi la plupart des annonces sont si affreusement ennuyeuses. Certaines agences géantes sont aujourd'hui dirigées par des surintendants de la seconde génération qui sont montés jusqu'au sommet de leur organisation parce qu'ils avaient l'art du contact.

Mais ce ne sont pas les courtisans qui créent les campagnes efficaces.

La triste vérité est qu'en dépit de tout l'appareil sophistiqué des agences modernes, la publicité n'obtient pas les résultats qu'elle obtenait aux temps héroïques de Lasker et de Hopkins. Nous avons besoin de transfusions massives de talent. Et le talent, j'en suis convaincu, se trouve plus que probablement parmi les non-conformistes, les pas-d'accord, les révoltés.

Il n'y a pas bien longtemps, l'université de Chicago m'a invité à participer à un séminaire sur l'Organisation Créatrice. La plupart des autres participants étaient de doctes professeurs de psychologie qui s'étaient spécialisés dans l'étude de ce qu'ils appellent la Créativité. Me sentant comme une femme enceinte dans un congrès d'obstétriciens, je leur dis tout ce que mon expérience de chef de 73 rédacteurs et maquettistes m'avait appris au sujet du processus de la création.

Le processus de la création exige plus que du raisonnement

Souvent même la pensée originale n'est pas exprimable en mots. Il exige «une expérimentation tâtonnante avec des idées, guidée par l'intuition et inspirée par l'inconscient». La majorité des hommes d'affaires sont incapables de pensée originale, car il leur est impossible d'échapper à la tyrannie de la raison. Leur imagination est bloquée.

Les comités peuvent critiquer les annonces, mais non les écrire

Nombre d'annonces et de messages publicitaires ressemblent à des comptes rendus de réunion, et c'est souvent ce qu'ils sont. Il semble qu'une publicité vende davantage lorsqu'elle est écrite par un seul individu. Celui-ci doit étudier le produit, les enquêtes, les campagnes précédentes. Puis, il doit s'enfermer dans son bureau et écrire son annonce. La meilleure annonce que j'aie jamais écrite m'a demandé dix-sept brouillons, et elle a permis de lancer une affaire.

Si vous avez la chance d'écrire une bonne annonce, répétez-la jusqu'à ce qu'elle cesse de vendre

Des centaines de bonnes annonces ont cessé de paraître avant d'avoir perdu leur force d'impact, surtout parce que l'annonceur en avait assez de la voir. La célèbre annonce de Sterling Getchel pour Ply­mouth ( Regardez-les toutes les trois ) n'a paru qu'une fois et a été suivie de variantes de qualité inférieure, vite oubliées. Mais l'École d'anglais Sherwin Cody fit paraître la même annonce : Faites-vous ces fautes d'anglais ? durant 42 ans, en ne changeant que le caractère d'imprimerie et la couleur de la barbe de Mr. Cody.

En publicité, vous ne vous adressez pas à une armée au garde-à-vous, mais à un défilé

Chaque année, trois millions de consommateurs et de consommatrices se marient. L'annonce qui a vendu un réfrigérateur à ceux qui se sont mariés l'an dernier aura sans doute autant de succès auprès de ceux qui se marient cette année.

Il meurt chaque année un million sept cent mille consommateurs, il en naît quatre millions. Ils entrent dans le marché et ils en sortent. Une annonce est comme un faisceau de radar qui balaie le marché à la recherche des nouveaux consommateurs qui viennent d'y entrer. Trouvez un bon radar et n'arrêtez pas de balayer !

 

    
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